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Enquête : Fabrice Recoque, DG Honda : le transport personnel va encore se développer

Enquête : Fabrice Recoque, DG Honda : le transport personnel va encore se développer

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Urbaanews a souhaité savoir comment les responsables des constructeurs de deux-roues appréhendaient la sortie de la crise sanitaire et l’avenir du marché des deux-roues en France. Fabrice Recoque, Directeur Général de Honda France a accepté de répondre à nos questions.

Pensez-vous que la crise sanitaire du Covid 19 va inciter les français à davantage rouler en deux roues ? Quels sont les éléments permettant cette analyse ?

Nous avons anticipé une reprise importante du marché à la sortie du confinement car nos clients, après avoir été immobilisés chez eux deux mois, avaient une soif de reprendre la route. Notre secteur d’activités est très saisonnier et le fait d’amputer la période de mi-mars à mi-mai, enlève déjà pratiquement 25% du volume annuel. Il n’est donc pas surprenant de voir un redémarrage aussi fort. En juin, premier mois complet après confinement, le marché va bondir de 35%, ce qui n’était pas prévu à ce niveau. Le premier effet vient du rattrapage de ces deux mois fermés, le deuxième vient d’une envie de transport personnel agile et plaisant en deux roues. Les deux réunis nous donnent cette dynamique.

Pensez-vous que le marché du deux-roues va évoluer dans sa structure ? Quel type de deux-roues va être plébiscité par ces nouveaux utilisateurs ? Les petites cylindrées vont-elles encore progresser du fait de l’augmentation du nombre d’utilisateurs urbains ?

Le marché français actuel est composé pour 1/3 de machines 125cc et scooters de grosse cylindrée, et pour 2/3 de motos de plus de 125cc, donc il est clairement orienté vers le haut. La situation post Covid va bien sûr favoriser les 125cc, tant en scooter qu’en moto. Mais nous constatons aussi une forte demande de grosses cylindrées. Les clients de ce type de motos n’ont pas pu renoncer au renouvellement de leur moto. En terme de segments, les roadster qui représentent la sportivité et les sensations restent le type de moto le plus plébiscité en France, devant les trails qui véhiculent l’aventure et la liberté. Le marché français reste donc le marché le plus riche d’Europe avec son mix aussi qualitatif.

Comment, selon-vous, va évoluer la part des ventes de deux-roues électriques dans les prochaines années ?

L’électrification est un phénomène très en vogue dans l’automobile. Il permet une baisse drastique des émissions de CO2. Dans la moto ce phénomène n’en est qu’à ses débuts. L’offre est encore très restreinte et plutôt orientée sur des scooters équivalents 50cc. Les offres de motos sont très faibles, mais tous les constructeurs vont investir dans cette technologie dans le futur. On parle de moyen à long terme. Pas de court terme. Les contraintes sur une moto sont différentes : poids et dimensions réduites. Et puis aujourd’hui les consommations de nos moteurs thermiques sont extrêmement faibles : moins de 2.5l au 100 pour un PCX125 affiché 3199€ au catalogue, ça permet de rouler de façon très économique à moindre coût. Le prix de la technologie électrique est encore très élevé.

Les utilisateurs de deux-roues urbains vont-ils, selon vous, privilégier la propriété, la location ou les services de location partagés ? Pourquoi ?

Notre plan de relance comportait des offres agressives de location avec notamment la prise en charge de 3 mois de loyers offerts sur les contrats de LOA. Ceux-ci représentent 1/3 de l’ensemble des crédits contractés avec notre captive Honda Finance. Ce mode de paiement se développe de mois en mois mais il reste encore de nombreux freins chez les clients traditionnels qui sont encore sur le schéma de paiement comptant pour pouvoir changer de motos à l’impulsion. Le sens de l’histoire va vers la location au détriment de la possession. Nous ajoutons d’ailleurs à cette offre la location courte durée via notre partenariat avec la société Envie2Rouler qui offre la gamme Honda en location à la journée, à la semaine ou au mois.