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Lancé officiellement en juin 2016, le système de location de scooters électriques en libre-service Cityscoot connait un succès fulgurant avec une flotte de plus de 3 500 véhicules et pas moins de 3 500 000 locations réalisées à ce jour. Pour comprendre le phénomène, Urbaanews.com est allé à la rencontre de Vincent Bustarret, directeur marketing de la jeune société française. Au cours de cet entretien, nous avons pu lui poser toutes les questions que nous souhaitions sur le concept Cityscoot et ses évolutions à venir.
Pour commencer, est-il possible de revenir sur l’histoire de Cityscoot et son concept ?
L’idée d’une location en Free Floating composée uniquement de scooters électriques vient de Bertrand Fleurose, fondateur de Cityscoot. Après deux années de test en 2014 et 2015, le service a été officiellement lancé en juin 2016 sur Paris. Notre but était d’offrir aux citadins un moyen de transport agile, flexible et en libre-service. Nous avons choisi la solution du scooter électrique car c’est un véhicule propre, individuel et particulièrement à l’aise en milieu urbain.
Aujourd’hui, les grandes villes cherchent à lutter contre le phénomène de l’autosolisme, ces personnes seules qui se servent de leur voiture pour se déplacer. L’autre combat des grandes métropoles est de limiter les véhicules ventouses qui restent stationner des semaines à la même place. Notre flotte de scooters individuels en perpétuel mouvement répond parfaitement à ces contraintes. Aujourd’hui, Cityscoot enregistre entre 10 000 et 15 000 locations quotidiennes. Nous sommes implantés à Paris, Nice et Milan.
Les villes peuvent donc être reconnaissantes de votre arrivée ?
C’est un contrat moral que nous fixons avec les mairies dans lequel nous nous engageons à communiquer sur nos intentions de déploiement et nos statistiques. Elles nous laissent faire notre travail librement, et en contrepartie, nous offrons un service de qualité à leurs habitants sans aucun développement couteux de leur part. C’est du gagnant-gagnant finalement. A nous de démontrer chaque jour l’efficacité de notre concept en proposant un service irréprochable en termes de suivi et de disponibilité de notre flotte, mais aussi au niveau de la qualité de nos utilisateurs.
Concrètement, comment fonctionne votre service ?
Nous fonctionnons sur un système de free floating sans borne de stationnement et sans borne de recharge. Le principe est tout simple puisqu’il suffit de lancer notre application mobile pour afficher la carte des disponibilités de nos scooters en temps réel. Il vous reste alors à sélectionner le véhicule le plus proche de vous et de le récupérer dans les 10 minutes qui suivent, sans quoi la réservation n’est plus effective. Ensuite, à l’aide du code à quatre chiffres reçu sur votre mobile, vous déverrouillez l’antivol de direction et vous libérez le casque disposé sous la selle. Une fois que vous avez réalisé votre course, vous n’avez plus qu’à garer correctement le scooter à l’intérieur de la zone de stationnement Cityscoot qui couvre le cœur de Paris, Levallois, Neuilly, Boulogne, Issy-les-Moulineaux, Malakoff, Montrouge et Charenton. Vous ne pouvez pas terminer votre location en dehors de ces zones, mais vous êtes libre de circuler où vous le souhaitez.
Justement, quel est le champ d’action de vos scooters en termes de performances et d’autonomie ?
Notre flotte est composée de scooters exclusivement urbains équivalents au 50 cm3 thermique en termes de législation. Ils ne peuvent donc pas emprunter les autoroutes, le périphérique parisien et certains tunnels dangereux. La vitesse de nos véhicules est bridée légalement à la vitesse de 45 km/h, et croyez-moi, c’est largement suffisant pour se déplacer dans une ville comme Paris. De plus, si nous augmentions notre cylindrée, nous augmenterions le risque d’accidentologie et nous nous couperions d’une grande partie des utilisateurs potentiels. Nos scooters se conduisent sans permis pour les personnes nées avant 1988 et avec un simple BSR ou un permis B plus une formation de 7 heures pour tous les autres. Le temps d’utilisation moyenne de nos scooters est d’environ 15 minutes pour un trajet de quatre kilomètres. Nos 150 mécaniciens se relaient de huit heures à vingt heures pour recharger les batteries et vérifier l’état des véhicules qui doivent être irréprochables pour la sécurité et le confort de nos utilisateurs. Notre approche est de proposer des scooters toujours rechargés, et je dois avouer que c’est l’une de nos très grosses forces face à la concurrence. Le taux de disponibilité de notre flotte est de 90 %.
Avec quelle marque de scooters travaillez-vous ?
Notre flotte est composée uniquement de scooter Govecs. Il s’agit d’une marque allemande dont les chaines de production se situent en Pologne. Les produits sont fiables et les pièces de rechange sont facilement disponibles. Nous sommes sollicités par de nombreuses marques, mais Govecs répond à l’ensemble de notre cahier des charges.
Vous n’êtes pas touché par le vandalisme comme pour d’autres acteurs du free floating ?
Absolument pas. Tout d’abord, nos scooters sont verrouillés électroniquement et c’est un véhicule bien plus contraignant à déplacer qu’un vélo ou une trottinette. Ensuite, toute notre flotte est traquée en permanence via un système de géolocalisation très poussée. Enfin, nous avons la possibilité de stopper un véhicule à distance dès que sa vitesse passe sous les cinq kilomètres à l’heure.
Et comment faites-vous pour vous assurer que les personnes soient en règles et aptes à rouler ?
Lors de la première inscription, il est nécessaire de fournir ses papiers d’identité, ses certificats et ses permis. Une fois l’ensemble des documents validés par nos équipes, vous avez l’autorisation d’utiliser nos services. Evidemment nous ne sommes pas responsables de la conduite des utilisateurs qui doivent se conformer au code de la route, être équipés d’un casque que nous fournissons et porter une paire de gants désormais obligatoires pour conduire un deux-roues motorisé. Trois messages sont d’ailleurs visibles en permanence sur les scooters Cityscoot. « Je dois bien me garer », « je ne suis pas un vélo donc je n’utilise pas les voies de bus », et enfin, « le port du casque et des gants est obligatoire ». Par ailleurs, nous avons mis en place des initiations gratuites facultatives pour évaluer le niveau de nos utilisateurs et les rassurer sur leur faculté à circuler sur un deux-roues en milieu urbain. C’est une démarche personnelle car il n’y aucune obligation, mais nous comptons déjà 7 000 personnes qui sont passées par cette phase initiatique. Enfin, nos scooters sont désormais équipés de trois niveaux d’accélération qui se débloquent en fonction de votre expérience.
Une assurance est-elle prévue dans le forfait de location ?
Tout est compris pour rouler en toute légalité sauf la paire de gants. Notre tarif de 28 centimes par minute comprend la location du véhicule, le prêt d’un casque et une assurance tous risques grâce à notre partenaire Alliance. La franchise pour un accident responsable est de 350 euros, un montant faible dans l’univers de la location. Vous pouvez également achetez un pack de 100 minutes en amont pour faire baisser le coût de location à 20 centimes par minute. Nous avons également mis en place un programme de fidélité inédit dans l’univers du scooter sharing pour diminuer le tarif final de l’utilisateur régulier.
Comment voyez-vous l’avenir de Cityscoot ?
Notre but n’est pas de remplacer le tramway, le métro ou le bus. Nous allons vers un monde de polymodalités où l’utilisateur commencera son trajet en transport en commun et le finira avec un service de free floating. Dans les grandes villes, être propriétaire et dépendant de son véhicule n’a plus vraiment de sens. Entre le coût de l’assurance, des contraventions, de l’essence, du stationnement, de l’obsolescence, et avec l’arrivée des lois de plus en plus strictes, le free floating apporte un vrai souffle de liberté. Nous sommes fiers de contribuer à cela et de proposer une offre toujours plus large et toujours plus qualitative pour répondre à ses nouveaux besoins de mobilité.
Toutes les infos sur www.cityscoot.eu
Entretien réalisé par David BJAÏ et David VINCENT
Photos © Cityscoot